11 février 2015

Journee mondiale pour un internet plus sur

La sécurité de l’enfant en ligne : les stratégies et enjeux mondiaux

Les mythes divertissent les enfants, mais n’assurent pas leur sécurité en ligne

Internet, les téléphones mobiles et autres médias électroniques procurent aux enfants et aux jeunes de nombreux avantages éducatifs et sociaux, mais ils comportent aussi des risques. Pour la plupart des enfants, les activités en ligne n’occasionnent aucune situation préjudiciable. Cependant, en raison du risque accru de violence sexuelle, d’exploitation et d’autres formes de préjudices dans les environnements en ligne et hors ligne, une intervention coordonnée des gouvernements, des parents, des professionnels, des entreprises, et des jeunes eux-mêmes s’avère essentielle.
Le rapport de l’UNICEF, intitulé Child Safety Online: global challenges and strategies (En anglais seulement)  fait une analyse des preuves et pratiques mondiales, et répond aux questions : « À quels risques les enfants sont-ils exposés en ligne? » et « Quelles mesures sont les plus efficaces pour mieux les protéger? » Le rapport fait état des mythes et fournit des preuves, afin de procurer aux décideurs, aux professionnels et professionnelles, aux familles et aux entreprises les outils nécessaires pour intervenir.

Ce qui ressort de l'étude

Internet et les technologies qui y sont associées font qu’il est beaucoup plus facile de créer et de distribuer des images de violence mettant en scène des enfants, et procurent aux prédateurs de nouvelles occasions d’avoir accès aux enfants et aux jeunes, et d’entrer en contact avec eux en ligne et hors ligne, et, pour les auteurs d’intimidation, de harceler leurs victimes. Ces technologies font aussi qu’il est plus facile pour les enfants eux-mêmes d’entrer en conflit avec la loi, généralement pour des actes posés en ignorant les conséquences, comme le visionnement ou le partage d’images à caractère sexuel de camarades, comme l’envoi de photos; l’accès involontaire à des images de violence mettant en scène des enfants; la transmission de messages diffamatoires; et l’atteinte à la vie privée d’autrui. Le préjudice causé aux enfants peut être terrible et peut mener très loin, y compris à la violence sexuelle, voire au suicide.
Créer un environnement plus sécuritaire pour les enfants et les jeunes, pour qui Internet joue un rôle fondamental dans leur vie et où les mondes en ligne et hors ligne se rejoignent, suppose quatre stratégies clés : 1) autonomiser les enfants et favoriser leur résilience; 2) supprimer l’impunité pour les agresseurs; 3) limiter la disponibilité de matériel préjudiciable et l’accès au danger; et 4) favoriser le rétablissement et la réhabilitation des enfants qui ont subi un préjudice.
Il est clair que des mesures efficaces reposent sur le respect des droits de l’enfant, tels que définis dans la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies et autres instruments internationaux, en se basant sur la preuve qu’il existe un réel danger et ce qui s’avère efficace pour l’éviter ainsi que sur l’opinion des jeunes. Certaines mesures légales, technologiques et éducatives conçues pour protéger les enfants en ligne ne sont pas assez efficaces en raison d’une compréhension incomplète de la façon dont les jeunes perçoivent le danger et y font face.
Il s’avère essentiel d’apprendre aux jeunes à faire des choix éthiques lorsqu’ils utilisent des médias électroniques; de leur offrir des possibilités d’apprentissage leur permettant de comprendre et de gérer le risque; de les sensibiliser aux risques juridiques et aux conséquences dévastatrices de la cyberintimidation et d’autres actes préjudiciables; et de les guider en matière de citoyenneté virtuelle responsable dans une société de plus en plus mondialisée.

Certains faits et mythes concernant la sécurité de l’enfant en ligne

Mythe : En ligne, tous les enfants risquent fort d’être victimes de prédateurs sexuels ou d’autres actes, comme la cyberintimidation.
Fait : Il existe une différence entre le risque et le préjudice. La plupart des jeunes ne sont pas victimes de violence sexuelle en ligne, ni de cyberintimidation. Le risque de violence sexuelle est accru en présence de comportements spécifiques, tels qu’interagir avec des personnes rencontrées en ligne et les rencontrer hors ligne.
Mythe : De nombreux jeunes en intimident d’autres en ligne.
Fait : La plupart des jeunes n’exercent pas la cyberintimidation et affirment que, dans l’ensemble, les actions des autres jeunes en ligne sont positives. Il est important de comprendre vers quoi orienter notre soutien aux enfants : un plus grand nombre de jeunes sont intimidés à l’école que sur Internet.
Mythe : La plupart des prédateurs adultes que les jeunes rencontrent en ligne sont des étrangers.
Fait : Dans la majorité des cas, le prédateur est une personne que l’enfant connaît et en qui il a confiance. Dans de nombreux cas, lorsqu’un jeune est attiré ou invité à s’engager dans un acte sexuel par un adulte rencontré en ligne, le jeune sait que cette personne est adulte.
Mythe : Établir des lois protectrices constitue le meilleur moyen de protéger les enfants.
Fait : Créer et faire respecter des lois interdisant toutes formes de violence et d’exploitation représente un élément clé afin de mettre en place un environnement protecteur, mais la plupart des dangers en ligne ne peuvent être ni réglementés ni contrôlés. Il s’avère essentiel d’apprendre aux jeunes à bien comprendre et à bien gérer les véritables dangers, en plus de leur apprendre à adopter des comportements responsables. Les efforts des parents, des professionnels et professionnelles, ainsi que des entreprises, sont aussi essentiels pour réduire leur exposition au préjudice. Les lois doivent en outre être établies en fonction de la compréhension de tous les dangers et comportements des jeunes en ligne, et afin d’éviter de faire plus de jeunes contrevenants à la suite d’actes posés en raison de leur ignorance.
Mythe : Les prédateurs sexuels en ligne sont la principale source de préjudice pour les enfants.
Fait : La violence sexuelle perpétrée par des adultes sur des enfants est une forme profondément traumatisante et répandue de viol, mais il est important de savoir que les jeunes eux-mêmes décrivent la cyberintimidation comme la forme la plus fréquente de comportement problématique à laquelle ils doivent faire face en ligne. Selon le Child Exploitation Online Protection Centre, au Royaume-Uni, un enfant sur cinq âgé de 11 à 17 ans a reçu un message texte ou un courriel affligeant ou à caractère explicitement sexuel, et 70 pour cent connaissent la personne qui le leur a envoyé. La majorité de ces échanges se font entre amis et camarades de classe, pas entre des enfants et des adultes prédateurs. Cela signifie que les mesures, soit des lois et des campagnes éducatives, doivent cibler beaucoup plus qu’uniquement la violence sexuelle faite par des adultes : elles doivent prendre en considération l’éventail des préjudices et comportements en ligne. Les politiques réactives et punitives pour les jeunes sont rarement efficaces, tandis que les mesures préventives et éducatives sont quant à elles essentielles.

Mesures que vous pouvez prendre aujourd’hui pour protéger vos enfants en ligne

Rapporter tout contenu violent préjudiciable pour un enfant à .
Jeunes
  • Renseigne-toi auprès de Jeunesse, J’écoute, de Définir la frontière, du Conseil canadien de la sécurité, du Centre canadien de protection de l’enfance (enfants avertis), et de Réseau éducation – Médias.
  • Protège-toi et protège les autres en :
  • ne rencontrant jamais hors ligne une personne rencontrée en ligne;
  • créant un surnom personnalisé neutre et un mot de passe afin de protéger tes comptes;
  • traitant les autres avec respect; en n’échangeant et en n’affichant que des messages positifs; et en n’affichant aucun message ou aucune photo concernant une autre personne sans son autorisation;
  • évitant de consulter le contenu de sites Web réservés aux adultes, et de cliquer sur des fenêtres (fonction Flash) ou des liens de recherches étranges;
  • parlant à un adulte si quelque chose te rend mal à l’aise;
  • apportant ton aide et ton soutien aux personnes en proie à l’intimidation.
Parents
  • Allez en ligne et familiarisez-vous avec les multiples activités et environnements différents très populaires auprès des enfants et des jeunes, de même qu’avec leurs avantages et les risques qu’ils présentent.
  • Parlez avec vos enfants des enjeux en ligne et encouragez-les à adopter une attitude critique et responsable. Établir des règles, telles que ne jamais rencontrer des personnes hors ligne qui ont été rencontrées en ligne. Parler ouvertement des activités en ligne permet de favoriser la résilience.
  • Le Conseil canadien de la sécurité et le Réseau éducation – Médias prodigue des conseils en matière de sécurité sur Internet et propose des outils d’apprentissage pour aider les parents à protéger leurs enfants de tous âges.
Organisations et entreprises
  • Comprendre comment les jeunes utilisent vos technologies et services en ligne. Leur demander leur opinion.
  • Protéger les enfants dans l’environnement en ligne que vous avez créé, en filtrant le contenu, par exemple, en offrant des fonctions de dénonciation en ligne d’accès et d’utilisation faciles, et en garantissant des mesures de protection des renseignements personnels dont bénéficieront les enfants. Des liens directs vers Cyberaide.ca et vers Jeunesse, J’écoute devraient être facilement accessibles sur les sites que la jeunesse canadienne visite régulièrement.
  • La protection des renseignements personnels est souvent trop compliquée pour les jeunes. Rendez l’information plus conviviale et accessible, y compris les options d’acceptation et de refus.
  • Cesser la collecte, l’utilisation et la divulgation de quelque renseignement personnel que ce soit provenant d’enfants âgés de moins de 13 ans.
  • Former les professionnels et professionnelles qui travaillent avec des enfants en matière de dangers et de préjudices en ligne.
  • Établir des centres de soutien à guichet unique pour les enfants, avec des responsables de l’application de la loi sensibilisés à la protection des enfants, de même qu’un service d’aide médicale et juridique.

Ce que peut faire le Canada

Les nombreuses améliorations apportées aux lois fédérales et provinciales ces dernières années font du Canada un chef de file mondial dans ce domaine, conformément aux obligations internationales en vertu de la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies et de son Protocole facultatif concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants.
Afin de mieux protéger ses enfants, le Canada devrait :
  1. Procurer à tous les jeunes au Canada des renseignements appropriés à leur âge, précis et utiles, afin d’éclairer leurs choix en ligne et de gérer les risques de façon responsable. Ils doivent connaître :
    • leurs droits en ligne quant à l’information, à la confidentialité et à la protection;
    • les dangers spécifiques et comment les éviter ou les gérer;
    • comment agir en ligne de façon responsable pour se protéger et protéger les autres;
    • quoi faire en cas de problèmes (boutons directs de dénonciation, très accessibles et faciles à utiliser);
    • comment soutenir leurs camarades.
  2. S’assurer qu’une législation protectrice et des évaluations, qui prennent en considération les dangers réels auxquels les enfants sont exposés en ligne et la portée de leurs comportements en ligne, sont développées et assorties d’évaluations des répercussions sur les droits de l’enfant. Augmenter la protection des lois visant à prévenir le préjudice chez les enfants peut en fait causer un préjudice, si les enfants eux-mêmes entrent en conflit avec la loi pour des actes largement involontaires et en raison de mauvais renseignements, comme la transmission d’images à caractère sexuel d’autres jeunes. Les récentes arrestations et les accusations de pornographie juvénile contre des jeunes d’à peine 15 ans au Canada illustrent combien la situation peut être préoccupante à la lumière du régime juridique émergent. Une approche consiste à modifier la législation et à y intégrer une disposition spéciale pour les personnes mineures, comme le recommande la Convention du Conseil de l’Europe sur la protection des enfants contre l’exploitation et les agressions sexuelles (la Convention Lanzarote). Cela peut également être obtenu par l’instauration de la mise en accusation par la police et de lignes directrices relatives aux poursuites qui accompagnent la législation, avec des mesures proportionnées pour les jeunes dont les actions en ligne les mettent en conflit avec la loi.
  3. Regrouper les stratégies isolées concernant l’exploitation sexuelle des enfants. Il existe une stratégie nationale pour contrer l’exploitation sexuelle en ligne des enfants (Stratégie nationale pour la protection des enfants contre l’exploitation sexuelle sur Internet de Sécurité publique Canada), mais il ne faut pas oublier qu’il existe aussi un lien puissant entre la protection en ligne et la protection hors ligne. Les enfants comptent pour la majorité des victimes des cas d’agression sexuelle rapportés à la police. Une stratégie plus étendue permettrait de contrer toutes les formes d’exploitation sexuelle des enfants.
  4.  Nommer un commissaire national aux enfants. Le Comité du Sénat sur les droits de la personne a réclamé à maintes reprises la nomination d’un commissaire national aux enfants. Dans son nouveau rapport sur l’exploitation sexuelle des enfants au Canada, le Comité recommande que l’une des premières mesures prises par le gouvernement fédéral consiste à nommer un commissaire national aux enfants. Celui-ci pourrait assurer la surveillance de programmes et de politiques visant à contrer l’exploitation sexuelle des enfants et exiger que le gouvernement rende compte de ses progrès en vue de donner à chaque enfant un accès à une protection adéquate. Le commissaire devrait également être mandaté pour examiner en priorité les défis auxquels font face les enfants autochtones, car ils sont particulièrement exposés à l’exploitation sexuelle.
Les publications du Centre de recherche Innocenti de l’UNICEF répertorient et recherchent les enjeux relatifs aux droits de l’enfant afin de générer un débat mondial et de faciliter la mise en application pleine et entière de la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies dans tous les pays.

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